Karine Vonna
L'effet miroir
Plutôt proche des Christophe Cuzin, Stéphane Dafflon, Philippe Decrauzat ou encore Francis Baudevin, Eric Gouret pratique depuis plusieurs années une peinture joyeusement décomplexée. Inspiré de l'esthétique pop des seventies, son travail s'inscrit également en référence à l'art optique et cinétique.
Préférant au tableau la confrontation directe avec les espaces et surfaces physiques des lieux d'exposition, il réalise des "installations picturales" ou « dessins d'environnements » qui soulignent ou rehaussent, décalent ou perturbent l'architecture des sites sur lesquels il intervient. Lorsqu'on sait que l'artiste attache une importance particulière à la relation intérieur / extérieur, on comprendra qu'il ait souhaité intervenir sur les parties vitrées de la véranda de la Villa du Parc. Elément de rajout architectural à la fois intégré au bâti et décalé de par les matériaux qui la composent, cette avancée de verre qui marque l'entrée du centre d'art se présente en effet comme une sorte de sas entre le parc et le centre d'art.
"Je m'intéresse à ces espaces, explique Eric Gouret, pour leur caractère d'architecture intermédiaire où se côtoient et se combinent les notions de mélange, assemblage, passage et circulation, glissement et imbrication spatiale."
IS.0019 (2007), IS comme in situ, 0019 comme dix-neuvième intervention dans l'espace, est un dessin à l' effet miroir éclaté, poinçonné selon un seul et même rythme géométrique, qui laisse apparaître une succession de plans. Conçue comme un "enveloppement" transparent, cette installation joue sur la superposition d'espaces et la multiplication des points de vue. Les axes de lecture sont multiples et s'organisent par strates, entre le dedans et le dehors, entre les espaces cachés et ajourés, entre les matières transparentes et refléchissantes. Chaque image ainsi fractionnée passe par une sorte de filtre composé d'un assemblage de motifs qui complexifie notre vision du site. L'effet réfléchissant de l'adhésif (acier poli) ici choisi par Eric Gouret complique évidemment la tâche du regardeur pour faire le distinguo entre les plages pleines et les plages vides du dessin de l'artiste.
